

La chasse, une nécessité écologique ?
La chasse en chiffres :
- 1 150 000 chasseurs en France ( 2 400 000 en 1975)
- 90 000 chasseurs dans le Grand Est
- 7800 chasseurs dans le Bas-Rhin
- 2 % sont des chasseuses
- 3,9 milliards d'Euros de chiffre d'affaire par an
- 28 000 emplois direct
- Budget moyen annuel : 2 400 E par chasseur (Grand Est)


Cette question fait débat actuellement, et à l'heure où les anti-chasses sont plus virulents et plus organisés que jamais, sans doute, dans l'histoire de l'humanité, les chasseurs doivent se remettre en question, faire évoluer leur pratique, mieux se comporter et mieux communiquer.
Est-ce que je ressens du plaisir à chasser, à tuer ? Combien de fois n'ai-je entendu cette question...sans forcément trouver les mots justes, car sans doute ils n'existent pas, ou alors ils seraient mal interprétés par mon interlocuteur.
Et pourtant oui, il y a une notion plaisir dans la chasse... et heureusement... parce qu’il faut se rendre compte que chasser représente aujourd’hui des contraintes lourdes (temps important, coûts significatifs, image renvoyée par la chasse dégradée). Les opposants de la chasse nous disent que le chasseur tue tout, mais d’autre part, les différents administrations (qui déterminent le nombre d'animaux que nous avons le droit de prélever) nous reprochent de ne pas tuer assez, et nous infligent des sanctions lourdes si nous ne prélevons pas d'avantage d'animaux, y compris à des périodes de l'année ou cela n'est pas raisonnable en raison de leurs cycles biologiques.
D'où me vient ce plaisir et quelle est la place de la chasse dans notre société aujourd’hui ?
Depuis l’aube de l’humanité il y a des hommes qui chassent. Par nécessité dans un premier temps afin de se nourrir et se défendre, puis dès l’apparition de l’élevage et de l’agriculture (au milieu du néolithique, soit 15.000 ans avant notre ère). Comment alors cette activité ne serait pas inscrite aux plus profonds de mes gènes ? Peut-être cela explique une partie du plaisir que j'ai à la pratiquer.
De tout temps, des hommes et des femmes ont ressenti ce besoin de renouer avec le lien ancestral qui les relie à la nature. Redevenir prédateur comme à l’origine, mais progrès social aidant, un prédateur conscient, mesuré, raisonnable. Retrouver les émotions vraies du contact originel avec la nature, dans ce qu’elle peut avoir d’immuable, de sauvage, de violent parfois. Affronter le froid, l’humidité, la fatigue, la déception souvent, pour accéder à la joie suprême d’être soi-même, un temps, débarrassé des oripeaux de la modernité.
C’est une activité rurale qui a toujours existé et perduré depuis ces temps ancestraux parce qu’elle a du sens. C’est une discipline qui nécessite par ailleurs une connaissance pointue des animaux et du biotope. Le chasseur, gestionnaire de ce milieu, observe les animaux, gère et aménage son territoire tout au long de l’année pour le rendre le plus accueillant possible. Le fait de prélever un animal ne représente que quelques secondes dans tout cet effort fourni, et les bienfaits multiples pour ce territoire qui résultent de cet engagement sont immenses et mesurables.
La chasse sert aussi à réguler. Pour rappel, il n'existe quasiment plus aujourd'hui de grands prédateurs dans nos forêts, capables de jouer ce rôle. Ours, Loup, Lynx, aigles ont depuis longtemps déserté nos contrées (sans que la chasse n'en soit responsable dans la majorité des cas par ailleurs).
En Alsace, dans notre GGC comme ailleurs, la situation est assez simple : beaucoup de sangliers, une population de chevreuils satisfaisante et à l'équilibre, et une situation critique pour la plupart des autres espèces classées "gibier".
La situation du daim, présent sur la majeure partie de notre territoire est à elle seule très symptomatique. Sans rentrer dans des détails techniques (qui seront abordées ultérieurement plus en détail), nous - chasseurs – agissons pour ne pas voir s'affaiblir de manière critique cette population, en raison des plans de tir attribués (nombre d’animaux à prélever chaque année, alloués par l’administration) qui sont parfois trop importants sur certains territoires (au regard des populations présentes). Nous travaillons donc, en concertations avec ces instances, fin d'essayer de limiter l’érosion des populations de daims, tout en maintenant le dialogue avec l'ensemble des acteurs (forestiers, agriculteurs, décideurs publics,...) et en étant parfaitement conscient de la nécessité de maintenir un indispensable équilibre sylvo-cynégétique. Nous sommes donc bien loin de l'image d'irresponsable tueur que certains veulent nous faire endosser.
Autre situation incroyable, le sanglier...Au cours des 30 dernières années, l’évolution de leur population a été spectaculaire, multipliée par cinq ! Sans la chasse, celle-ci ne fera qu’augmenter (hivers de moins en moins rudes qui n’entraînent plus de mortalité dans les populations juvéniles, fruits forestiers abondants pour la même raison, nouvelles pratiques agricoles offrant gite et couvert à volonté). Bien entendu, lorsque ces sangliers provoquent des dégâts dans le champ d'un agriculteur, celui-ci est indemnisé, mais savez-vous par qui ? Le chasseur bien entendu...le même chasseur qui passe par conséquent de nombreuses soirées et de nombreuses nuits pour essayer de dissuader ces sangliers de faire des dégâts dans ces champs.
Combien de personnes sont au courant de cette situation ? Qui paiera la note si le chasseur fini par ne plus pouvoir payer ? Qui régulera ces populations quand le chasseur, vanné de cette situation, aura raccroché définitivement sa carabine ?
Combien de temps allons-nous continuer à courber le dos, à payer toujours plus, et à passer en prime pour des barbares ?
Pour lutter contre cette situation, et inverser la tendance, il nous faut ouvrir grand nos portes. Nous pouvons et devons être fiers de ce que nous faisons et interagir avec une foule d’autres acteurs de la ruralité, discuter avec les agriculteurs, les environnementalistes, les photographes animaliers, les promeneurs, les élus. Si tous ces personnes se parlent et se comprennent, la chasse, pratiquée avec connaissance, respect et humilité, sera naturellement reconnue comme génératrice de biodiversité et nécessité écologique !


